De pilote d’essai à la réputation internationale, Tacheny devient un dirigeant de talent, un organisateur audacieux et bien avisé.

Pour soutenir et financer son club, il comprend vite qu’il a besoin d’un fort soutien politique. C’est ainsi qu’en 1961, il accepte d’être candidat libéral aux élections provinciales. C’est un réel succès. Il siègera au Conseil provincial de Namur jusqu’en 1978 et en sera le Vice-Président. Il siègera également au bureau économique de la province. Il sera également échevin dans sa commune.

« Il s’est lancé en politique, uniquement pour le bien du circuit et de son village et sa région, affirme Claudine. C’était toute sa vie. Toujours à l’affût de nouvelles idées, toujours dans des démarches incessantes à gauche, à droite. Il était comme le vent, ici et ailleurs… Jovial et bon vivant, Jules avait néanmoins certains moments de déprime. Il trouvait qu’il n’y avait pas assez de 24 heures dans une journée, il n’avait pas assez de temps… Il faut dire que ce n’était pas rien de le suivre. C’était tous azimuts ! Nous avons eu trois fils, Johnny, Thierry, Freddy. On les a élevés en courant ! »

Sous sa présidence, le club et le circuit connaissent de nombreuses évolutions, principalement en vue d’accroître le confort du public et surtout, la sécurité des pilotes : tracé amélioré, virages relevés, routes élargies, réaménagement complet du carrefour de Saint Donat (ce fameux diabolo qui n’a guère de rival ailleurs), démontage et reconstruction surélevée des tribunes et dessous, salles de réunion, de banquet, chambres d’hôtel, stands… Rien n’est trop beau pour son circuit !

Et puis, il était fondamentalement amoureux du sport. Pas le sport mercantile, non : le sport comme ascenseur social. Toute sa vie, il le répétera, « C’est le sport qui m’a permis d’arriver là où je suis aujourd’hui » et il aimait se mettre au service du sport. Un jour, à Mettet, il apostrophe le jeune Jacques Limage, 11 ou 12 ans, qui accompagnait son père, René Limage, Directeur Sportif du Circuit de Floreffe.

« - Et toi, m'gamin, me demanda Jules Tacheny, tu ne fais pas de sport?
- Non, m'sieur Tacheny.
- Tu n'aimes pas?
- Si! Mais mon père ne veut pas.
- Et quel sport voudrais-tu pratiquer?
- Le football, à Wallonia-Namur.
- Pourquoi ton père veut-il pas?
- Parce que, dit-il, en cas de jambe cassée, je perdrais une année scolaire...
- Un de ces prochains dimanches, j'irai discuter avec ton père.
Jules Tacheny tint parole. Un dimanche au début de l'après-midi, il vint sonner chez mes parents à Namur. Ainsi donc lui qui avait tant de mandats, tant à faire...
Mon père n'en démordit pas.
Maintenant que je vais vers mes 70 ans, je ne peux toujours pas oublier... »
Souvenir ému de Jacques Limage.

Se mettre au service du sport… donner l’envie aux jeunes de se développer par ce biais. A Mettet, toujours, en plus du circuit, il encourage le Club de Football, dont il fut également le Président. Et surtout les équipes de jeunes. Il leur offre maillots et bottines de foot.

Pour ses fils, bizarrement, son optique se modifiait quelque peu. Oui, le sport, mais après les études. Etudes qui lui avaient manqué.

Nés dans le milieu, tous trois furent bien sûr au guidon dès le plus jeune âge, du Monkey à la Goldwing. Mais de compétition, pas question !

Freddy le plus téméraire, dû même renvoyer séance tenante, son kit compétition « Dholda ». Peur rétrospective, après avoir vu tant d’amis disparaître.